vendredi 8 août 2014

Jazz Club

"Une superbe histoire de création artistique et d’amour contrariés, à la fois loufoque, musicale et émouvante. Par un jeune auteur au graphisme unique et accessible.

Norman est un musicien professionnel de jazz. On le découvre le soir de 1966 où sa copine Emily le quitte. À partir de ce moment, Norman devient à ses propres yeux incapable de jouer la moindre note correctement, et ne désire plus qu’une chose : arrêter la musique. Mais il est le seul à penser qu’il est mauvais. Engagé pour la tournée européenne, ce soir-là, il découvre qu’Emily est avec le producteur célèbre qui a engagé son groupe, et Norman embarque une jeune femme dans sa voiture, direction le désert. Mais il s’agissait d’un piège, il est kidnappé par une étrange secte prédisant la fin du monde pour le 31 décembre 1999. Avec d’autres musiciens enlevés, les membres de la secte les forcent à jouer une drôle de musique, jusqu’à l’arrivée de la police. La fuite des membres de la secte entraîne Norman dehors, dans le même désert." www.dargaud.com

Si l'on part du principe qu'il y a davantage de dessins dans une bédé que dans un livre, il arrive souvent qu'on feuillette un album pour y repérer le trait et l'ambiance graphique. Jazz Club, premier pas d'Alexandre Clérisse, révèle justement d'emblée un trait original, pas réaliste pour un rond mais très précis dans le détail, des personnages croqués comme des marionnettes, une mise en page frontale et rythmée. Autant dire que le truc saute aux yeux. Quant à l'histoire - un saxophoniste de club fuit l'Amérique des sixties pour se retrouver en France à la fin de 1999 - elle suit une mélodie qui la rapproche des improvisations de jazz, dans lesquelles tout peut arriver. Une découverte, un (grand) auteur à suivre, assurément. www.lexpress.fr





samedi 2 août 2014

L'homme qui n'existait pas


"Pour Léonid Miller, informaticien célibataire, la vie semble souvent n'être qu'un rêve. Les personnages de fiction des comédies américaines qu'il dévore quotidiennement à la cinémathèque, lui apparaissent comme une présence bien plus dense et profonde que celle de la plupart des gens qu'il côtoie. Que la sienne en tout cas. Comme s'il traversait la vie sans que personne ne s'aperçoive de son existence. Mais il découvre bientôt qu'on ne peut se détourner impunément de la réalité. C'est ainsi qu'il se retrouve, comme par magie, dépossédé de sa matérialité physique. Condamné comme un fantôme, à demeurer l'éternel spectateur qu'il était déjà. Alors qu'il s'est réfugié à la cinémathèque, il tombe sous le charme d'une jeune comédienne, Françoise Angelli, venue y présenter La garçonnière de Billy Wilder. Une femme qui n'existe que par ses rôles et qui pourrait être frappée par le même mal que lui. Léonid décide de lui venir en aide. Une fable contemporaine sur la solitude, la cinéphilie et l'univers du cinéma." Futuropolis




mercredi 30 juillet 2014

Plateforme

Michel Houellebecq, Plateforme
 Au milieu du monde, roman,
 Flammarion, 2001.
Après la mort de son père, Michel, fonctionnaire quadragénaire et blasé, décide de partir en Thaïlande pour goûter aux plaisirs exotiques. Il y rencontre Valérie, cadre dans une grande société de voyages, à qui il soufflera sa théorie sur les vraies motivations des Européens en quête de sensations fortes. Embarqué dans la lutte pour le profit à tout prix, où le corps est plus que jamais une marchandise, Michel jette un regard cynique sur la société occidentale. Il sera peut-être surpris de découvrir que l'être humain est encore capable de sentiments...

De l'exotisme et du pittoresque, du sexe et du fanatisme, tels sont les ingrédients (torrides et subversifs) de Plateforme, dernier roman de Michel Houellebecq, probablement l'écrivain le plus controversé aujourd'hui… Michel est un employé du ministère de la Culture. Il vit simplement, au rythme des feuilletons et des jeux télé, des peep shows au sortir du boulot, des purées Mousline dégluties machinalement… À la mort de son père, "un vieux con", il se décide pour un séjour en Thaïlande, en "voyage organisé" sous la houlette de Nouvelles Frontières. Accompagné par une galerie de "beaufs", armés du Guide du routard, le narrateur visite les sites touristiques de Bangkok à Surat Thani, de Patong Beach à Koh Phi Phi, se livre au plaisir du body massage, quête les bars à putes, se lie avec Valérie. Ensemble, ils voyageront à Cuba, multipliant les expériences sexuelles, ici et là…

Cinglant et drôle, rarement avare d'outrances (sexuelles), observateur attentif, sarcastique même, l'écrivain ne rate rien de son époque. Fable sur les voyages organisés, regard sur le tourisme sexuel et le "déploiement du monde", Plateforme aurait pu n'être qu'un exercice littéraire de dénonciation mise en scène par une sensibilité exacerbée. Si le texte connaît des longueurs, c'est aussi le juste portrait d'une société moyenne, peuplée d'individus moyens, parfois médiocres, avec ses paradis et ses enfers. --Céline Darner


Quatrième de couverture : « Mon père est mort il y a un an. Je ne crois pas à cette théorie selon laquelle on devient réellement adulte à la mort de ses parents ; on ne devient jamais réellement adulte.

Devant le cercueil du vieillard, des pensées déplaisantes me sont venues. II avait profité de la vie, le vieux salaud ; il s'était démerdé comme un chef. "T'as eu des gosses, mon con... me dis-je avec entrain ; t'as fourré ta grosse bite dans la chatte à ma mère." Enfin j'étais un peu tendu, c'est certain ; ce n'est pas tous les jours qu'on a des morts dans sa famille. J'avais refusé de voir le cadavre. J'ai quarante ans, j'ai déjà eu l'occasion de voir des cadavres ; maintenant, je préfère éviter. C'est ce qui m'a toujours retenu d'acheter un animal domestique.

Je ne me suis pas marié, non plus. J'en ai eu l'occasion, plusieurs fois ; mais à chaque fois j'ai décliné. Pourtant, j'aime bien les femmes. C'est un peu un regret, dans ma vie, le célibat. C'est surtout gênant pour les vacances. Les gens se méfient des hommes seuls en vacances, à partir d'un certain âge : ils supposent chez eux beaucoup d'égoïsme et sans doute un peu de vice ; je ne peux pas leur donner tort.
»

Plateforme est le troisième roman de Michel Houellebecq.

Extraits

Histoire d'amour et de sexe






















A propos du tourisme sexuel

















Plateforme et le Coran (extrait de l'article Le roman et l’inacceptable)

A quatre reprises, l’islam et son livre sacré, le Coran, y font l’objet de violentes attaques :
trois fois par la bouche de personnages, une fois par celle du narrateur Michel. La critique
est ainsi déléguée à des instances de fiction, et de manière très construite.

Le roman compte trois parties. Chacune met en scène un personnage critique, tous émanent du monde musulman, mais ils ont rejeté ses principes religieux. Enoncée fictivement de l’intérieur, la critique gagne en légitimité :

  1. Aïcha jeune femme de ménage, dont le frère est soupçonné d’assassinat
  2. un biochimiste égyptien 
  3. un banquier jordanien. 
(...) Que conclure de ces interventions sur l’islam dans le roman ? Elles recourent à quatre procédés caractéristiques du roman à thèse : toute l’intrigue s’oriente vers une seule thèse anti-islamique.
Mais s’il y a «thèse», faut-il la lire sérieusement ? Plusieurs indices invitent à une lecture distanciée. Houellebecq exhibe l’artifice de la délégation critique : les trois personnages opposés à l’islam sont dénués de toute consistance romanesque ; purs supports doxiques, leur unique apparition se limite à déclamer leur opinion sous forme quasi monologuée; aucun débat d’idées ne vient dramatiser l’exposé de la thèse. (...)

Autrement dit, tant sur le plan de l’immersion fictionnelle, que sur ceux de la narratologie et de la rhétorique, Houellebecq maintient constamment l’ambiguïté sur la manière de lire sa fiction.

Aux tirades anti-islamiques des personnages et du narrateur, le débat de presse vient ajouter un élément décisif : les déclarations de l’auteur lui-même, commentant son livre, sur le Coran. La polémique s’est déroulée sur plusieurs mois, dans les grands médias français et internationaux pour atteindre son point d’orgue au moment du procès, avec l’intervention publique de Salman Rushdie en faveur de Houellebecq.


Extraits en rapport :

1- Aïcha, jeune femme de ménage nord-africaine, dont le frère est accusé d’avoir tué le père de Michel : «Je n’ai rien à attendre de ma famille, poursuivit-elle avec une colère rentrée. Non seulement ils sont pauvres, mais en plus ils sont cons. Il y a deux ans, mon père a fait le pèlerinage de La Mecque ; depuis, il n’y a plus rien à en tirer. Mes frères, c’est encore pire : ils s’entretiennent mutuellement dans leur connerie, il se bourrent la gueule au pastis tout en se prétendant les dépositaires de la vraie foi, et ils se permettent de me traiter de salope parce que j’ai envie de travailler plutôt que d’épouser un connard dans leur genre.»

2- Un biochimiste égyptien émigré en Angleterre revient en visite dans son pays natal et évoque l’Islam au narrateur : «Quand je pense que ce pays a tout inventé ! [...] L’architecture, l’astronomie, les mathématiques, l’agriculture, la médecine... (il exagérait un peu, mais c’était un Oriental et il avait besoin de me persuader rapidement). Depuis l’apparition de l’islam, plus rien. Le néant absolu, le vide total. Nous sommes devenus un pays de mendiants pouilleux. [...] Il faut vous souvenir, cher monsieur (il parlait couramment cinq langues étrangères : le français, l’allemand, l’anglais, l’espagnol et le russe), que l’islam est né en plein désert, au milieu de scorpions, de chameaux et d’animaux féroces de toutes espèces. Savez-vous comment j’appelle les musulmans ? Les minables du Sahara. Voilà le seul nom qu’ils méritent. Croyez-vous que l’islam aurait pu naître dans une région aussi splendide (il désigna de nouveau la vallée du Nil avec une émotion réelle). Non, monsieur. L’islam ne pouvait naître que dans un désert stupide, au milieu de bédouins crasseux qui n’avaient rien d’autre à faire — pardonnez-moi — que d’enculer leurs chameaux. Plus une religion s’approche du monothéisme — songez-y bien, cher monsieur —, plus elle est inhumaine et cruelle ; et l’islam est, de toutes les religions, celle qui impose le monothéisme le plus radical. Dès sa naissance il se signale par une succession ininterrompue de guerres d’invasion et de massacres ; jamais, tant qu’il existera, la concorde ne pourra régner sur le monde. Jamais non plus, en terre musulmane, l’intelligence et le talent ne pourront trouver leur place ; s’il y a eu des mathématiciens, des poètes, des savants arabes, c’est tout simplement parce qu’ils avaient perdu la foi. A la lecture du Coran, déjà, on ne peut manquer d’être frappé par la regrettable ambiance de tautologie qui caractérise l’ouvrage : «Il n’y a d’autre Dieu que Dieu seul», etc. Avec ça, convenez-en, on ne peut pas aller bien loin.»

3- Le banquier jordanien se confie à Michel, qui s’avoue «convaincu d’emblée» par sa thèse «Le problème des musulmans, me dit-il, c’est que le paradis promis par le prophète existe déjà ici-bas : il y avait des endroits sur cette terre où des jeunes filles disponibles et lascives dansaient pour le plaisir des hommes, où l’on pouvait s’enivrer de nectars en écoutant une musique aux accents célestes ; il y en avait une vingtaine dans un rayon de cinq cents mètres autour de l’hôtel. Ces endroits étaient aisément accessibles, pour y entrer il n’était nullement besoin de remplir les sept devoirs du musulman, ni de s’adonner à la guerre sainte ; il suffisait de payer quelques dollars. [...] Pour lui, il n’y avait aucun doute, le système musulman était condamné : le capitalisme serait le plus fort. Déjà les jeunes Arabes ne rêvaient que de consommation et de sexe.»

4- Le narrateur Michel, après l’attentat qui a coûté la vie à Valérie : «On peut certainement rester en vie en étant simplement animé par un sentiment de vengeance ; beaucoup de gens ont vécu de cette manière. L’islam avait brisé ma vie et l’islam était certainement quelque chose que je pouvais haïr ; les jours suivants, je m’appliquai à éprouver de la haine pour les musulmans. Chaque fois que j’apprenais qu’un terroriste palestinien, ou un enfant palestinien, ou une femme enceinte palestinienne, avait été abattu par balles dans la bande de Gaza, j’éprouvais un tressaillement d’enthousiasme à la pensée qu’il y avait un musulman de moins.»

Le roman le plus maîtrisé de Houellebecq selon ses lecteurs ... www.lemonde.fr

dimanche 20 avril 2014

Demain, j'arrête


Juste et touchant. Un livre tour à tour émouvant et drôle. On sourit, on rit même en suivant les pensées de Julie. Un gros coup de coeur pour ce livre optimiste qui laisse le sourire aux lèvres !


Comme tout le monde, Julie a fait beaucoup de trucs stupides. Elle pourrait raconter la fois où elle a enfilé un pull en dévalant des escaliers, celle où elle a tenté de réparer une prise électrique en tenant les fils entre ses dents, ou encore son obsession pour le nouveau voisin qu'elle n'a pourtant jamais vu, obsession qui lui a valu de se coincer la main dans sa boîte aux lettres en espionnant un mystérieux courrier...

Mais tout cela n'est rien, absolument rien, à côté des choses insensées qu'elle va tenter pour approcher cet homme dont elle veut désormais percer le secret. Poussée par une inventivité débridée, à la fois intriguée et attirée par cet inconnu à côté duquel elle vit mais dont elle ignore tout, Julie va prendre des risques toujours plus délirants, jusqu'à pouvoir enfin trouver la réponse à cette question qui révèle tellement : pour qui avons- nous fait le truc le plus idiot de notre vie ?

Avec cette première comédie, Gilles Legardinier, déjà remarqué pour ses deux thrillers L'exil des Anges et Nous étions les hommes, révèle une nouvelle facette d'une imagination qui n'a pas fini de surprendre. Drôle, percutant, terriblement touchant, son nouveau roman confirme ce que tous ceux qui ont lu un de ses livres savent déjà : Gilles a le don de raconter des histoires originales qui nous entraînent ailleurs tout en fraisant résonner notre nature la plus intime. Voici un livre qui fait du bien !


Gilles Legardinier
1) Qui êtes-vous ? !
Un homme qui écrit pour emporter les gens là où ils n'ont pas forcément prévu d'aller et où, je l'espère, ils seront bien. Mais je ne suis pas encore très connu. Je suis donc un conteur à zéro.

2) Quel est le thème central de ce livre ?
Quel est le truc le plus idiot que vous ayez fait dans votre vie ? Et pour qui ? C'est fou ce que révèlent les réponses à ces questions.
Dans mon roman, Julie donne ses réponses et c'est une vie que l'on découvre...

3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
«On nous ment. Si cette vie ne sert pas à tout ressentir, à tout éprouver, alors elle n'est qu'un piège. Je vais le faire !»

4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
Du Debussy, avec en fond les rires et les confidences d'une bande d'amis qui s'aiment. Et il manquerait les regards.

5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
Le plaisir d'être vivant, avec l'espoir de se rencontrer un jour au détour d'un monde qui nous ressemblera.

Extrait

Vous avez déjà rencontré des gens qui font une fête pour leur divorce ? Moi, oui. D'habitude, ce sont plutôt les futurs mariés qui s'amusent. On les entend klaxonner le samedi quand ils roulent en cortège vers la mairie, on les croise la veille en bandes, dans les rues, habillés en clown ou quasi nus. À grand renfort de trompettes et de tambourins, ils exhibent aux badauds ternes leur joie d'enterrer leur vie de jeunes célibataires - parfois à plus de trente-cinq ans... Mais moins d'un an plus tard, quand les 19 % des statistiques se séparent, plus personne ne lance de confettis. Eh bien Jérôme, si.
Je n'ai pas assisté à ses deux premiers mariages, mais j'étais présente au troisième. Trois mariages et trois divorces à trente-deux ans, ça interpelle. Le proverbe dit : «A ton deuxième naufrage, n'accuse pas la mer.» La sagesse populaire ne s'est pas aventurée jusqu'au troisième.
De vous à moi, je trouve sa fête de divorce bien plus sympa que ses noces. Plus question de frime, plus de codes sociaux, adieu les passages obligés, envolée la robe dans laquelle on étouffe, rangés les escarpins hauts comme des falaises qui peuvent vous tuer si vous trébuchez, plus de quête pour la réfection de l'église, pas de menu avec des plats qui se la racontent dans des sauces indigérables, et plus aucune blague débile de son oncle Gérard - qui d'ailleurs n'est pas invité. Simplement des gens avec qui il a de vrais liens et à qui il a eu l'honnêteté de dire : «C'est encore loupé mais je tiens à vous.» Je crois que même sa première femme est là.
Et c'est ainsi que je me retrouve, un samedi soir d'octobre, dans un bel appartement bondé, au milieu de gens qui s'amusent vraiment grâce à Jérôme. Il est encore tôt, on sourit, on échange au hasard, et tout le monde parle de ce qu'il a raté, de ce qu'il regrette, dans une ambiance assez surréaliste mais légère. On se croirait aux «Foireux anonymes». C'est Jérôme qui a ouvert le bal :
- Merci à tous d'être là. Il n'y a rien à célébrer sinon le plaisir que j'ai de vous connaître. Chacun de vous fait partie de ma vie. Je préfère préciser immédiatement que les cadeaux que vous aviez généreusement offerts - enfin surtout pour certains - ne seront pas remboursés. Ce soir, je n'ai plus de beau costume, je ne compte plus sur vous pour financer mon voyage de noces, je n'ai d'ailleurs même plus de femme. Par une perversion dont je ne me savais pas capable, je me demande si ce divorce d'avec Marie n'était pas uniquement motivé par l'envie de cette soirée avec vous. Alors j'assume tout. Je vous fais le cadeau d'être le pire, d'être la référence par le bas, d'être le trente-septième dessous. Si un jour vous vous sentez minable, si vous culpabilisez sur vos échecs et que vous vous en voulez, pensez à moi et j'espère sincèrement que vous irez mieux.

samedi 19 avril 2014

La jouissance


L'histoire commence là où toutes les histoires devraient finir : dans un lit. Nicolas vit depuis deux ans avec Pauline, ce n'est donc pas la première fois qu'ils se retrouvent l'un en face de l'autre... Ce jour-là, pourtant, quelque chose d'inédit se produit.






Rien d'étonnant à ce sous-titre, "Un roman européen" : Florian Zeller y analyse parallèlement la relation amoureuse de Nicolas et Pauline et celle, politique cette fois, entre les pays qui ont construit l'Union européenne, à commencer par la France et l'Allemagne. Si Nicolas, 30 ans, est un jouisseur, son enthousiasme permanent "ne serait-il pas un beau masque derrière lequel il cache sa vraie nature" ? s'interroge Pauline. A 28 ans, celle-ci se situe plutôt dans la catégorie des angoissées, travaille dans une grande entreprise de cosmétique, a déjà trois personnes sous ses ordres et semble promise à un brillant avenir. Son compagnon, en revanche, est en mal de reconnaissance : cinéphile passionné, féru de Bergman et de Godard, il rêvait de devenir réalisateur et doit se contenter de tâches subalternes sur les plateaux de tournage, tout en s'échinant à écrire un scénario. Pauline et Nicolas s'aiment, se disputent, voyagent, vont au cinéma. Perfect Day de Lou Reed est l'hymne national de leur couple. "Mais les couples, comme les pays, ne sont pas éternels." Et au bout de deux ans, Nicolas s'interroge sur son désir pour Sofia, une jeune et jolie Polonaise hédoniste, qui veut seulement "jouir et faire jouir". Justement, la jouissance n'est-elle pas devenue le maître mot d'une génération "qui est complètement passée à côté de l'Histoire : pas de victoire, pas de bourreau, pas de sang" ? Juste la chute du mur de Berlin et les attentats du 11 Septembre... D'une plume sobre, Florian Zeller brosse un portrait sans concession de cette génération qui est entrée "individuellement" dans un nouveau siècle, par la grâce des nouvelles technologies. Convoquant aussi bien André Breton, Milan Kundera, Michel Leiris ou Beethoven que Lénine, François Mitterrand et Helmut Kohl, le romancier signe là son meilleur livre.
L'express

Le titre est kundérien, et le projet romanesque ne l'est pas moins : dans La Jouissance. Un roman européen, Florian Zeller raconte en parallèle l'histoire d'un couple (amour, délitement, rupture) et celle de la construction européenne (enthousiasme, ennui, désaffection). Nicolas et Pauline, trentenaires, sont les représentants d'une génération « passée au travers des filets de l'Histoire », pour laquelle l'aspiration à la jouissance individuelle a remplacé l'idéal collectif. Quant à l'Europe, elle aurait pu être cet idéal, sauf qu'elle n'intéresse plus personne... L'ambition de Zeller est séduisante. Mais il n'en fait rien, si ce n'est tirer deux fils narratifs. Reste un roman banal et vaguement prétentieux, astucieux autant que superficiel.
Telerama

jeudi 17 avril 2014

Tamara Drew

 Avec son nez refait, ses jambes interminables, ses airs de princesse sexy, son job dans la presse de caniveau, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les cœurs, Tamara Drewe est l'Amazone urbaine du XXIe siècle. Son retour à la campagne, dans le village où a vécu sa mère, est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix. 
Hommes et femmes, bobos et ruraux, auteur à gros tirage, universitaire frustré, rock star au rancart, fils du pays, teenagers locales gavées de people, tous et toutes sont attirés par Tamara, dont la beauté pyromane, les liaisons dangereuses et les divagations amoureuses éveillent d'obscures passions et provoquent un enchaînement de circonstances aboutissant à une tragédie à la Posy Simmonds, c'est-à-dire à la fois poignante et absurde.
Librement inspiré du roman de Thomas Hardy Loin de la foule déchaînée, un portrait à charge délicieusement cruel et ironique de l'Angleterre d'aujourd'hui. (Denoël)







































  • Simmonds, Posy
  • Simmonds, Posy
  • Achev. impr. :   09/2008
  • Denoël
  • Denoël Graphic
  • 978-2-207-26043-2

mercredi 19 mars 2014

Virginia Woolf

Angela Davis, Françoise Dolto, Frida Kahlo, Agatha Christie, Aliénor d’Aquitaine, Aung San Suu Kyi ou Virginia Woolf, ces figures de femmes sont toutes plus ou moins présentes à nos esprits tant la force de leur talent, de leur détermination, de leur engagement ou/et de leur oeuvre demeure exemplaire. C’est en s’attachant à ce que furent leurs enfances que cette collection « Grands destins de femmes » se propose de mieux comprendre comment elles sont devenues celles que l’on connaît.

Virginia Woolf est, comme chacun sait, un écrivain essentiel du Xxe siècle qui, par son oeuvre et le flux de voix intérieure qui caractérise son écriture, a été déterminante dans l’évolution du roman moderne. Dans ses romans comme dans ses journaux et correspondances, il est clair que les impressions et sensations d’enfance, qu’elles soient conscientes ou affleurant par réminiscences, ont été le socle et la matière de son travail d’écriture. Le texte de Michèle Gazier et les planches de Bernard Ciccolini reviennent sur des éléments forts et essentiels dans la construction de la personnalité et de la psyché de la petite Virginia Stephen, avant qu’elle ne devienne Virginia Woolf. Son enfance est en effet jalonnée de deuils et de traumatismes qui l’ont à jamais marquée et rendue particulièrement sensible et fragile.